H. Daumier. Le public du Salon.

H. Daumier. Le public du Salon.

Jeudi 11 janvier 2018.

Daniel BLOUIN, membre de la commission d’histoire de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale. Chapeaux et chapellerie masculine à Paris, au temps des hauts-de-forme (années 1800 – 1860).

Dans un Paris du XIXe siècle où tous les hommes portent chapeau, la chapellerie, même si elle est une activité mineure par rapport aux autres métiers de l’habillement, n’en est pas moins indispensable et fortement productive, stimulée par la présence des élites et l’ampleur du marché urbain. On fera un tableau de tout ce petit monde de fabricants et de marchands, parfois concentré, parfois disséminé dans l’espace de la ville, qui crée, vend, recycle. Le haut-de-forme, qui s’impose comme le couvre-chef de référence au début du XIXe siècle, connaît des évolutions, au gré des goûts et des modes, qui stimulent l’inventivité; on présentera quelques figures marquantes de chapeliers innovateurs, dont la plus emblématique est celle d’Antoine Gibus, qui finira par laisser son nom à tout chapeau élégant.

On conclura en montrant qu’à la fin des années 1860, alors que la modernité, dont Paris est l’épicentre, promeut de nouveaux couvre-chefs rivaux du haut-de-forme, la fabrique chapelière parisienne va perdre son dynamisme et décliner au profit des fabriques provinciales. 

Jeudi 8 février 2018.

Annie FEE, chercheur postdoctoral à l'Institut de la communication et des médias (IMK) à l’Université d’Oslo. Aller au cinéma à Paris pendant les années 1920 : une approche spatiale de l'histoire des salles de cinéma. 

Cette intervention démontre comment la visualisation des données spatiales peut éclairer les expériences vécues au cinéma par les ouvriers parisiens pendant les années 1920. Le croisement entre les données relatives aux salles et celles concernant les lieux de travail et les réseaux de transport en commun permet d’établir un discours historique illustrant l’intégration des cinémas dans la vie ouvrière de l’arrondissement. En effet, une approche spatiale aux micro-localités de Paris nous révèle comment, pendant les années 1920, le fait d’«aller au cinéma» pouvait avoir des significations diverses selon les variables géographiques. À travers un travail d’archive minutieux, cette présentation démontre la façon dont les cinémas de quartier sont devenus les sites où les Parisiens, cherchant à s’abriter des traumatismes de la guerre, du travail et des difficultés financières, ont opéré une judicieuse fusion entre culture populaire de divertissement et mobilisation politique.

Lundi 5 mars 2018. Archives nationales.

Visite de l'exposition "Dessiner pour bâtir. Le métier d'architecte au XVIIIe siècle", par Alexandre COJANNOT, conservateur du patrimoine aux Archives nationales, co-commissaire de l'exposition.

Jeudi 8 mars 2018.

Francis FREUNDLICH, historien. Pratiques sociales et culturelles du jeu d’argent dans le Paris du XVIIIe siècle.

Avec 700 000 habitants à la veille de la Révolution, Paris est une des plus grandes capitales d’Europe. C’est également une ville en pleine mutation : elle est marquée par une opinion publique en formation, un commerce de luxe florissant, une alphabétisation qui connaît un essor remarquable, une déchristianisation relative et une montée de l’individualisme. C’est dans ce contexte socio-culturel qu’il convient de situer la prégnance des jeux de hasard dans la Capitale : biribi, pharaon, jeux de cartes et de dés envahissent l’espace urbain dans les tripots clandestins, mais aussi dans la rue, le long des quais et sur les places. De plus, la loterie royale devient une institution d’Etat en 1776. Elle impose aux parieurs de nouveaux codes de lecture et une discipline de jeu rigoureuse. Ces pratiques ludiques présentent une grande diversité que l’on peut observer à travers notamment les archives de police. Quels sont les grands espaces ludiques qui occupent le territoire parisien ? Qui sont les joueurs, les banquiers, les tenanciers ? Quel rôle tient la police dans cette société du jeu interdite par les ordonnances royales et les injonctions permanentes du Lieutenant général de police ? Enfin, quel est le regard porté par les réformateurs sociaux sur des pratiques qu’ils jugent souvent avec une grande sévérité ?

Evangéliaire de la Sainte-Chapelle. Paris, vers 1230. (BnF)

Evangéliaire de la Sainte-Chapelle. Paris, vers 1230. (BnF)

Mardi 13 mars 2018. Musée du Louvre.

Visite de l'exposition "Reliures précieuses de la Bibliothèque nationale de France et du Louvre", par Florian MEUNIER, conservateur en chef au département des objets d’art du musée du Louvre.

La Seine à Carrières-Saint-Denis, par C. Monet, 1872 (Musée d'Orsay)

La Seine à Carrières-Saint-Denis, par C. Monet, 1872 (Musée d'Orsay)

Jeudi 12 avril 2018.

Pierre-Henri-GUITTONNEAU, docteur en histoire médiévale. Traverser la Seine en aval de Paris. Une enquête de 1491.

 En 1491, des officiers du Châtelet interrogèrent dix individus sur la pertinence qu’il y aurait à créer alors un bac à Carrières-Saint-Denis, sur les terres de la grande abbaye san-dionysienne. Le procès-verbal de l’enquête, conservé aux Archives Nationales, fournit un témoignage sans comparaison dans la région parisienne sur les enjeux que représentait une telle infrastructure. Par son contenu et par la situation de ce bac, dans les méandres de la Seine les plus proches de Paris, ce document n’est pas qu’une source intéressant l’histoire de Carrières-Saint-Denis. Il offre un regard précieux sur les conditions générales du franchissement du fleuve et sur les mobilités des hommes et des femmes se déplaçant vers ou depuis la capitale. Histoire de la circulation, donc, mais aussi histoire économique et sociale et même histoire de l’espace vue à travers les expériences personnelles des individus appelés à témoigner et à travers les conflits que l’affaire a suscités entre les religieux de Saint-Denis et les seigneurs rétifs au projet. Le procès-verbal de cette enquête servira de fil directeur à la conférence qui explorera, grâce à lui et à d’autres sources, les modes de traversée de la Seine, les droits et les usages sur l’eau et les tensions que le partage de ces droits et de ces usages provoquaient en aval de Paris. »

Mardi 17 avril 2018.

Visite de l'hôtel de Lauzun (17, quai d'Anjou, 75004 Paris), par Mme Caroline zum KOLK, directrice de l'IEA.

Joyau de l'architecture et de l'art décoratif parisiens du XVIIsiècle, l'hôtel de Lauzun a notamment eu comme locataire Charles Baudelaire. Aux XIXe et XXe siècles, il a été sauvegardé et restauré par le baron Jérôme Pichon, grand amateur d’art et président de la Société de l'histoire de Paris, puis par son neveu. L'hôtel appartient à la Ville de Paris depuis 1928 et abrite l'Institut d'études avancées de Paris.

Jeudi 17 mai 2018, à 17 h 30.

Willa Z. SILVERMAN, professeur (Pennsylvania State University). Le Paris du collectionneur fin-de-siècle d'après le journal du bijoutier-joaillier Henri Vever.

Bijoutier-joaillier célèbre dans l’avant-garde de l’Art nouveau, cogérant une maison familiale rue de la Paix, Henri Vever (1854-1942) fut aussi un collectionneur remarquable. Des tableaux de l’École de Barbizon et des Impressionnistes, il passa aux objets d’art japonais et des cultures de l’Islam ; l’amateur d’art fut également un bibliophile passionné. Les journaux que rédigea quotidiennement Henri Vever entre 1898 et 1901 nous font pénétrer au cœur d’un Paris du collectionneur. Il fréquentait assidûment salles de ventes, marchands de tableaux (Durand-Ruel, Petit), d’estampes et affiches (Sagot) et d’objets d’art japonais (Bing, Hayashi, Portier, Langweil), ainsi que les artisans de beaux livres, comme Charles Meunier, dont l’atelier se trouvait rue de la Bienfaisance, ou bien Henri Floury (1862-1961), éditeur-libraire dont la boutique du boulevard des Capucines servait principalement une clientèle de bibliophiles. La géographie parisienne de la ‘collectomanie’ fin-de-siècle révèle à la fois le développement du marché d’art tout au long du siècle ainsi que l’enchevêtrement de divers réseaux de collectionneurs auxquels appartenait Vever. Enfin, cette géographie en recoupe d’autres, comme celle d’un ‘Paris des plaisirs’ associé à cette époque avec les grands boulevards.

Jeudi 14 juin 2018, à 17 h 30.

Mathieu LOURS, docteur en histoire. Entre foi et raison : l'église néoclassique à Paris (v. 1750-v. 1790).

Les dernières décennies de l'Ancien Régime ont été marquées par la volonté de transformer la capitale pour lui donner l'apparence d'une cité des Lumières. Lumières de la raison pour les philosophes. Lumières de la foi pour le clergé. Un clergé par ailleurs largement acquis à l'idée que c'est par une architecture épurée, sobre, première, que foi et raison pourront être conciliées. La seconde moitié du XVIIIe siècle apparaît comme un moment unique de fermentation théorique et de mises en chantier d'un nombre significatif d'édifices religieux dans la capitale. Le Panthéon, alors Sainte-Geneviève, la Madeleine, Saint-Philippe-du-Roule et une quinzaine d'autres édifices sont projetés ou mien en chantier. La réflexion sur ce que doit être une église pour la capitale prend alors en compte non seulement la fonctionnalité liturgique, mais aussi le rôle social de l'église. Une église qui, derrière la blancheur de ses colonnes et ses portiques, est entendue comme l'association de la basilique et du temple. La conférence sera l'occasion de revenir sur certains de ces grands exemples, mais aussi de présenter des projets, parfois inédits, d'édifices qui ne furent pas réalisés et qui préparaient le second temps des églises néoclassique à Paris, pendant la Restauration et la monarchie de Juillet.

jeudi 25 octobre 2018, à 17 h 30

Alexandra MICHAUD,doctorante en histoire de l'art à l'Université de Lorraine. L’hôpital royal des Quinze-Vingts. Reconstruction architecturale d’un établissement de charité au XVIIIe siècle (1748-1779).

 En 1748, le cardinal Armand Gaston Maximilien de Rohan, grand aumônier de France, décide de reconstruire l’hôpital royal des Quinze-Vingts. Destinés à abriter des pauvres aveugles depuis la fondation par Louis IX, les bâtiments dataient encore de l’époque médiévale ; ils menaçaient ruine depuis le début du siècle et étaient jugés inappropriés pour accueillir les trois cents malvoyants. L’édifice doit donc être détruit et reconstruit. Afin de rendre le complexe plus fonctionnel, le cardinal de Rohan charge l’architecte Jean-François Labbé d’en établir le plan. Après son décès, en 1750, son parent, Pierre-Henri Martin, dit de Saint-Martin, poursuit l’édification d’après ses relevés. Mais, s’il suit les dispositions prises pour les sols, il en modifie les élévations, agrémentant les façades d’ornements, afin de répondre à la grandeur de l’établissement, qui est fondation royale. 

De sa reconstruction jusqu’à sa destruction prématurée dans les années 1780, il s’agira de retracer l’histoire de la construction de ses nouveaux bâtiments, à travers les diverses phases du chantier, les partis pris de Labbé et de Saint-Martin, mais aussi de la restituer dans son contexte urbanistique.